23 mai SSLP (Salutaire Solution du Lâcher Prise) / Coups de gueule (pas toujours justifiés)

#ManchesterMissing : un monde trop Imparfait.

Mon blog n’est pas que légèreté et gazouillis. Aujourd’hui il le sera encore moins.

Quand j’ai entendu l’actualité ce matin, j’ai d’abord ressenti un sentiment d’horreur. Non pas sur le fait que 22 personnes étaient mortes, non, bien pis que cela : j’ai ressenti l’horreur une seconde après m’être aperçue que je n’avais justement pas ressenti grand-chose.

C’était devenu « un attentat de plus ». Je me suis HABITUEE à ces tragédies inhumaines et ça, ça m’a horrifiée.

Oh, je ne dis pas que je deviens insensible hein. Mais changer sa cover Facebook pour un « PrayForUneVille » est presque devenu normal. On change la cover, on ajoute des smileys tristes, on attend un jour ou deux et puis on passe à autre chose.

J’entendais tout à l’heure parler de la loi de proximité, vous savez, cette loi journalistique qui veut qu’on éprouve plus d’empathie envers un être proche d’un point de vue distance ou identification. Le journaliste disait qu’il était normal de s’accoutumer à une information, même tragique. Ici, on parle d’Anglais. 620 kilomètres nous séparent.

Ce n’est pas la distance qui rend insensible : c’est l’habitude. L’habitude qui tue tous les jours. La même qui nous a imprimé cette fameuse image de la femme contre laquelle je lutte. C’est la même. La. Même.

Lorsque j’étais enfant, les campagnes sur le Tiers Monde me bouleversaient parce que c’étaient des images que je n’avais pas coutume de voir. Aujourd’hui, c’est devenu un lot quotidien d’images qui n’ont plus l’impact d’une réalité tangible. L’habitude qui nous a rendus capables de regarder des enfants affamés en mangeant notre repas.

Mais pour des tas de gens, l’attentat de Manchester EST tangible. Il EST impactant. Et c’est en me penchant sur ce trop peu de ressenti personnel que j’ai repris conscience humaine. Il FAUT se rappeler que cet attentat n’est pas qu’un attentat de plus, reprendre contact avec la réalité, ouvrir la porte à l’insupportable. Refuser l’habitude.

Des enfants sont morts cette nuit. Pour rien. Pour une folie adulte qui ne les concerne pas, pendant un concert qui aurait sans doute été un joli souvenir d’enfant.

Des familles ont perdu leur raison d’être. Sans doute presque pire, des familles recherchent des enfants que l’on n’a pas encore retrouvés.

 

Une petite fille est, je l’espère tout au moins, perdue dans une foule, paniquée. Mais si le destin est encore plus tragique, cette petite poupée ne verra tout simplement plus jamais personne chanter.

Je ne veux pas m’habituer. Je ne mettrai pas de cover Pray For Manchester, parce que je ne VEUX pas que ce soit un événement habituel. Je ne veux pas ne rien ressentir quand j’apprends la destruction d’une enfance, la perte d’êtres chers à d’autres, même s’ils sont lointains.

Sans aucun voyeurisme, je m’impose les lectures de ces articles affreux qui décrivent la soirée parce que je VEUX ressentir et ne pas trouver cela NORMAL.

Je ne veux pas m’habituer.

 

 

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